Voici le cinquième rendez-vous interblogueur « Mots éparpillés ». Je vous livre ma participation.
Cet article participe au rendez-vous mensuel « Mots éparpillés » de Margarida Llabrés et Florence Gindre, projet inspiré par « Mots sauvages » de Cécile Benoist.
À l’âge de 53 ans, il était tombé grièvement malade. Depuis quelques années, il subissait des examens médicaux. Toutes les semaines il était tenu de se rendre à l’Hôpital public de la mer, face à ces innombrables rochers et cette eau transparente qui lui transmettaient tant d’espoir. Espérer. Il ne pouvait faire que ça. En même temps, cette incertitude commençait à devenir très pesante.
L’incertitude de ne pas savoir à quoi s’attendre. L’incertitude de ne pas pouvoir donner un nom à cette fichue maladie. L’incertitude de ne pas savoir jusqu’à quel jour son cœur battrait. Les médecins, eux aussi, étaient stupéfaits devant son histoire. Leurs visages en disaient long. Du sourire aux larmes. Son quotidien était un peu ça.
Une fois les examens passés, il prenait le chemin de retour. Il s’apprêtait à rentrer à la maison, où sa femme l’attendait impatiemment avec l’assiette sur la table. Une soupe chaude, pour réchauffer les esprits, et ce coeur, justement. Ils ne parlaient plus de ça. Que quelques regards et cela suffisait. Il hochait de la tête pour un oui, il fronçait les sourcils quand c’était plutôt non. Parce qu’encore une fois, il n’avait pas de nom à donner, pas plus d’explications que ça.
Les jours passaient, les semaines aussi, ces allers-retours à l’hôpital faisaient dorénavant partie de son quotidien. Il avait été obligé d’arrêter de travailler. Au début, ça avait été dur. Après, une fois la paperasse réglée il avait senti une espèce de soulagement. Il ne se résignait pas, non, ce n’était pas ça. Mais il fallait bien « faire avec » comme il avait tellement l’habitude de dire à chaque fois que quelqu’un lui posait une question.
Quand il n’était pas avec les médecins, ses journées se remplissaient à base de balades. Heureusement, il vivait dans le sud, là où il fait beau. Il adorait entendre le chant des cigales, aller en bord de mer. Et un jour, en rentrant à la maison, avec une grande envie de retrouver sa femme et de lui faire un énorme bisou, il décida de changer un peu la route, marre finalement de ce quotidien un peu trop plat, un peu trop sombre. Il arpenta les rues de la ville et se retrouva dans un passage secret qui lui dévoila une inscription unique : Votre coeur c’est une brique, oui, mais qui ne bat que pour vous. Ce fut comme une révélation. Des mots qui le soulagèrent, il suffit de bien peu -se dit-il. C’est à ce moment-là qu’il réalisa que c’était ça, que son coeur était atteint d’une grave maladie sans nom, que son coeur était devenu une sorte de brique dure et sans âme mais qu’il continuait de battre rien que pour elle, rien que pour vous.
Découvrez les autres participations de ce mois-ci :
– Florence Gindre de « FG-Florence Gindre »,
– Angélique de « Elijange-des mots »,
– Pomdepin de « Pom de Pin in Wonderland »,
– Cracoline de « Histoires diverses »,
– Laura(Aur) de « Écrire un roman »,
– Patrizia de « Patrizia…Mizamots »
– M. de « J’habite à Waterford »,
– Agnès Audibert de « Mes livres, mes lecteurs et moi »
Le 15 de chaque mois, nous vous soumettons une photo de ces mots éparpillés pour que vous les libériez le 15 du mois suivant par un texte.
Pour participer, rien de plus simple :
– écrire un texte inspiré de la photo (entre 100 et 300 mots) et le publier sur votre blog le 15 du mois suivant.
– intégrer dans votre article la phrase « Cet article participe au rendez-vous mensuel Mots éparpillés de Margarida Llabrés et Florence Gindre, projet inspiré par « Mots sauvages » de Cécile Benoist. » (sans oublier d’activer les liens vers les blogs).
– nous faire savoir que vous avez écrit en commentant chez nous que votre article est en ligne.
De notre côté, sur nos blogs respectifs, nous mettrons les liens des participants à la suite de notre propre texte.
En juillet prochain, nous publierons un e-book de toutes vos participations, téléchargeable sur nos blogs. Si vous souhaitez que votre texte n’y apparaisse pas, merci de nous le signaler lorsque vous mentionnez votre participation dans les commentaires.