Avoir du mal à se faire plaisir. Du mal à lâcher prise. Du mal à se dire qu’on a le droit de penser à des futilités, à glandouiller, à ne rien faire.
Parfois, je me dis que ce « sens de la responsabilité » qui m’avait tellement prise en otage à l’école, refait surface. Toujours faire plus, toujours faire mieux. Si on me dit que ce que j’ai réalisé « est pas mal », j’aurai tendance à vouloir faire encore mieux. Comme s’il n’y avait pas de limites, pas de plafond où s’arrêter. Si on me dit que ce que j’ai fait « est pas terrible » je me fâche énormément avec moi-même, pas avec les autres. Adolescente, c’était aux adultes de me dire « sors, fais-toi plaisir, fais la folle ». Parce que si on me disait que je pouvais rentrer à minuit, j’étais à la maison à 23h50.
Cela peut être une vertu mais aussi un vilain défaut. Un trait de caractère à double tranchant.
Adulte que je suis maintenant (même si j’ai l’impression d’avoir toujours 28 ans !) et jeune maman, je sens, parfois, que je ne sais toujours pas lâcher prise. Lever le pied, freiner et s’octroyer des moments de pur plaisir. Faire que le cerveau s’arrête et ne plus se mettre de la pression.
Après quelques semaines moins roses que je n’aurais voulu (des semaines surtout teintées de gris par des méchantes maladies d’amies qu’on aime beaucoup), je me dis qu’il est tellement important de lâcher prise, que je me dois de le rappeler. De le crier, haut et fort !
Pour contradictoire que cela puisse paraître, depuis que je suis maman, j’ai réappris à savourer les instants simples, ces moments de bonheur naïf, sain, le bonheur vrai, le sourire qui fait pétiller, les yeux dans les yeux et cet effet de miroir qui reflète la félicité. Jouer, danser, éclater de rire, faire le clown, caresser les petits doigts et les petites mains.
Je souhaite à tout le monde de savoir prendre le temps de vivre et de savourer une bonne soupe chaude, de regarder une petite fleur qui pousse et annonce le printemps, de s’émerveiller devant le bleu de la mer, de sentir des frissons quand notre amoureux nous prend la main, de fondre devant le sourire d’un enfant, de sourire quand on entend le coucou d’une amie.
Prendre le temps de se faire plaisir.