Elle et moi c’était pour toujours. Sauf que, jamais, nous avions réalisé que ce toujours avait, en fait, une date limite d’utilisation optimale. Nous n’avions rien vu venir. Nous avions peut-être consommé trop vite. Nous n’avions pas su bien distribuer les rations.
Ce fut donc d’un coup que cette DLUO s’afficha en grand, aux yeux de personne, à l’abri de mauvais entendus. Le silence allait-il guérir ce manque produit par le fait d’avoir arrêté de consommer ? Seules, elle et moi. Personne n’avait rien su. Les longues soirées d’hiver, occupées à vivre nos vies, nous avions mis ça de côté. Plus le temps d’y penser. Plus le temps de se poser des questions, de chercher à savoir pourquoi cette date limite d’utilisation optimale nous avait frappées fort, à coup de gros fouet.
Parce que, trop loin, nos regards n’allaient plus pouvoir se croiser. Il y eut des tentatives. Il y en aura encore. Mais nous n’avions plus le temps. Plus le temps d’essayer de prolonger cette date limite d’utilisation optimale. Le bocal, depuis trop longtemps ouvert, commençait à sentir le moisi, à moitié vide, des traces de ce qui avait été restaient collées sur le verre. Un verre sale mais au travers duquel on entrevoyait une lueur d’espoir.
Ella y yo era para siempre. Aunque un detalle se nos había escapado. Nunca antes vimos que, en realidad, ese siempre tenía una fecha de consumo preferente. No vimos llegar la tormenta. Quizá habíamos consumido demasiado rápido. Quizá no supimos distribuir correctamente las raciones.
Y de repente, sin avisar, apareció por vez primera esta fecha de caducidad. Apareció en silencio, sin decir nada. Lejos de cualquier mirada, de todo malentendido. ¿Curaría el silencio esa carencia? Solas, ella y yo. Nadie supo nada. Y en las largas veladas de invierno, ocupadas con nuestro quehaceres cotidianos, apartamos eso, lo pusimos de lado. Sin tiempo para pensar en ello. Sin tiempo para cuestionarnos, para buscar las razones por las cuales esa fecha de consumo preferente nos había golpeado de lleno, un porrazo.
Porque, demasido lejos la una de la otra, nuestras miradas ya no se cruzarían. Hubo tentativas. Habrá más. El tiempo faltaba. Tiempo para intentar alargar esa fecha de consumo preferente. El tarro, abierto desde años ha, empezaba a oler a moho, medio vacio, con rastros de lo que había sido pegados en el cristal. Un cristal sucio pero a través del cual se adivinaba una chispa de esperanza.