Le moment est venu. Voilà que notre PrincesseThelma n’est plus un bébé et qu’on est face au choix. Car pour nous, envoyer notre fille à l’école c’est CHOISIR une école. Pour certains parents, ça coule de source, c’est naturel, la question ne se pose presque pas : par continuité familiale, par convictions très fermes, parce qu’on a des connaissances, parce qu’il n’y a qu’une école dans la commune, etc.
Déjà, je trouve que l’instruction est une énorme responsabilité et que les enfants ne vont pas à l’école juste pour occuper leurs journées (et au passage, laisser papa-maman travailler). Non, aller à l’école c’est accompagner nos enfants dans leur chemin de vie, dans leur construction en tant que personne.
Plusieurs raisons expliquent, pour nous, ce choix difficile :
⇒ Nous habitons notre petite commune depuis seulement trois ans et nous ne la connaissons pas très bien ;
⇒ Je n’ai jamais été à l’école en France ce qui suscite sans doute plus de questionnements ;
⇒ J’avoue être un peu critique avec le système d’enseignement (globalement, le système traditionnel un peu partout en Europe) ;
⇒ Nous n’avons pas clairement de fortes convictions religieuses même si, bien évidemment, nous venons de pays de tradition judéo-chrétienne ;
⇒ Le principe de laïcité de l’école républicaine me pose problème, non pas la laïcité en soi mais le virage que cette notion est en train de prendre ;
⇒ …
Nos parcours
Aussi bien ChériGuiri que moi-même avons fait notre scolarité dans des écoles privées sous contrat, en Espagne c’est le même principe, on appelle cela « escuelas privadas concertadas » et dépendent aussi du diocèse.
Ensuite, arrivée dans la région et comme vous le savez déjà, j’ai pu faire l’expérience de 2 ans d’enseignement en tant que professeur d’espagnol dans un lycée privée de Nantes assez bien réputé.
Critique avec le système
Cette expérience ne m’a pas plu et même si je n’ai jamais eu de problèmes avec mes élèves ou avec mes collègues, je ne me sentais pas épanouie, bien au contraire, je me sentais « pieds et poings liés ». Car je trouve que la marge de manoeuvre d’un professeur est infime, qu’il faut travailler des programmes avec lesquels on n’est pas toujours d’accord et des pratiques pédagogiques qui ne sont pas adaptées aux jeunes. Et même étant professeur de langues, j’étais d’accord avec ce « cliché » qui dit que « de toute façon, on apprend jamais bien l’anglais, l’espagnol.. bref, une langue étrangère à l’école ». Voilà, je n’avais même pas envie de défendre mon rôle car je trouve que dès qu’on est 30 dans une salle de cours et bien, c’est sûr, on n’apprendra pas une langue (je suis gentille, car j’ai eu une Terminale de 41 élèves !). Bref, ceci pourrait être un très long paragraphe…
Donc, j’ai décidé de sortir du système !
Et ces différences avec mon enfance
Pour l’instant nous n’avons qu’une chose de sûre : PrincesseThelma n’ira à l’école que le matin (de 9h à 12h), ensuite l’assistante maternelle qu’elle a depuis toujours va la récupérer, elle va manger chez elle et elle y passera les après-midi.
Car il y a une chose qui me chagrine profondément : en petite section les enfants ne font rien de l’après-midi, juste la sieste (ça m’étonne encore plus car, petite, nous n’avions pas cette sieste obligatoire -et pourtant je viens du pays de la sieste -ok, blagounette pourrie !) Plusieurs points me surprennent :
⇒ On « gare » les enfants pour qu’ils fassent la sieste dans des dortoirs ?
⇒ Un enfant de 3 ans quand il décide de ne pas dormir… ben, il ne dort pas !
⇒ Aux portes ouvertes que nous avons faites récemment, même la maitresse nous a dit que si nous avions moyen de la faire garder autrement et bien, ce n’est pas si mal car en effet, les enfants de PS sont « obligés » de faire la sieste. Et j’avais déjà eu écho de cela par d’autres parents.
Alors je pense que chez la « nounou » elle dormira mais la gestion du temps se fait autrement…
Ces écoles pas comme les autres
Ces écoles pas comme les autres est le titre d’un livre que j’ai lu récemment, dont l’auteur est Peter Gumbel, journaliste Britannique résidant en France depuis très longtemps. Il dresse une petite radiographie des écoles dites « alternatives » qui existent en France et il parle aussi du système traditionnel.
Le constat est épatant, il existe très peu d’écoles « différentes » en France. Je me dis que c’est juste fou ! Il y a eu une période, quand PrincesseThelma était toute petite et que je commençais à songer à l’école, où je me disais que j’allais la mettre dans une école Montessori. Figurez-vous que je ne peux pas car il y en a pas. Enfin, il y a un CAP Montessori en centre ville de Nantes où ils proposent des ateliers, c’est plutôt de l’extra-scolaire et aussi . Après, je n’aurais peut-être pas pu à cause du prix mais ça c’est une autre histoire.
D’un autre côté, je suis admirative de toutes ces familles qui décident de faire l’école à la maison, comme A. du blog Add fun and mix et qui fait toujours de chouettes activités. Mais moi je ne pourrais pas. Je ne pourrais pas car j’ai besoin de travailler pour me sentir épanouie. Mais je trouve que c’est un choix tout à fait respectable. D’ailleurs, j’ai quelqu’un de ma famille qui le fait aussi.
Avoir le choix, une éducation à la carte
Et ce quelqu’un de ma famille qui instruit à la maison est en même temps présidente de la Plataforma por la Libertad Educativa et l’année dernière elle a réalisé un intéressant documentaire intitulé Educación a la carta (VO espagnol et sous-titres en anglais). Je ne vais pas vous faire une thèse sur ce reportage (le Français André Stern en témoigne dedans) mais je l’ai bien aimé car je pense qu’au fond de moi ce que j’aimerais c’est de pouvoir vraiment (et ouvertement) choisir le type d’instruction à donner à notre fille. ChériGuiri y est plutôt d’accord.
En France, nous avons l’histoire de Céline Alvarez (lire interview publié le 12-01-2016 dans le magazine Doolittle) qui de 2009 à 2011 a intégré l’Education Nationale avec l’objectif de faire bouger les lignes de l’intérieur même de la machine… mais qui finit par la quitter, aussi, cette machine. (Soit dit en passant, elle a aussi quelques idées sur le bilinguisme).
Et la dernière pensée
Ce qui me fait un petit noeud au coeur c’est que je suis sortie d’un système que ma petite va désormais devoir intégrer. Attention, j’ai beaucoup de respect pour les enseignants, je répète bien que c’est le système qui montre pour moi des signes de maladie, non pas les personnes qui en font partie. La machine est tellement énorme …
Les parents d'aujourd'hui ne sommes pas les parents d'hier. Les élèves d'aujourd'hui ne sont pas les élèves d'hier. La société actuelle n'a plus rien à voir avec la société d'autrefois mais je crains bien que le système actuel ressemble un peu trop au système d'il y a quelque temps.