On parle de bilinguisme précoce simultané quand un enfant au moment d’apprendre à parler est en contact avec deux langues.
Cette situation survient, la plupart des fois, au sein d’une famille dont chacun des parents est de langue différente. Il s’agit majoritairement de familles binationales, de couples mixtes, autant de façons de nommer une même situation.
à ne pas confondre avec…
Il ne faut pas confondre le bilinguisme précoce simultané avec le bilinguisme précoce consécutif. Il s’agit ici, majoritairement, des enfants qui n’ont qu’une langue à la maison mais dès leur entrée à l’école ils sont en contact avec une seconde langue. A partir de 6-7 ans on ne parle plus de bilinguisme précoce mais de bilinguisme tardif.
Le bilinguisme précoce simultané présente certaines particularités :
De caractère culturel :
♦ Un des deux parents est souvent le transmetteur d’une langue dite minoritaire.
♦ L’enfant ne connaît que cet environnement linguistique et familial, c’est donc pour lui tout à fait normal de s’adresser à un parent dans une langue et à l’autre parent dans une autre langue
♦ Les enfants bilingues précoces simultanés n’ont pas 1 langue maternelle mais 2. C’est, en tout cas, ainsi que le ressentent les familles et les enfants, difficile de choisir entre père et mère.
De caractère cognitif :
♦ Souvent on dit aussi de ces enfants qu’ils ont un bilinguisme coordonné car ils se comportent comme un locuteur natif dans les deux langues. Dans chaque langue ils ont une représentation pour le même objet de référence.
L’évolution du bilinguisme précoce simultané…
Chaque enfant évoluera de façon différente en fonction du milieu et du contexte dans lequel il vit. En effet, pour ces enfants il est extrêmement important de rester en contact avec la langue maternelle minoritaire au-delà de la figure parentale. C’est là qu’intervient le facteur « utilité » qui avec celui de « l’affectivité » jouera un rôle essentiel dans le bilinguisme de l’enfant.
Si le petit bilingue précoce simultané peut trouver des lieux de partage et de communication dans cette langue maternelle minoritaire, cela contribuera à l’équilibre de son bilinguisme et on pourra dire de lui qu’il a acquis un bilinguisme équilibré.
Le bilinguisme précoce simultané doit être vu et vécu comme un aspect tout à fait naturel et inné chez un enfant. Toutefois, il convient de souligner qu’il sera sans doute nécessaire de mettre à la portée de ces enfants des outils qui leur permettent de mieux avancer dans leur vie de bilingue.
…et l’entrée à l’école
Souvent, l’entrée à l’école est un choc pour les parents des enfants bilingues précoces simultanés. Alors que jusqu’à présent, les parents, dans leur conjugaison familiale et dans leurs modes de vies avaient bien integré les rôles et les partages des langues dans leur quotidien, un nouvel élément vient perturber, quelque peu, la machine mise en route depuis la naissance de l’enfant.
L’enfant bilingue précoce simultané peut montrer certaines réticences vis-à-vis de la langue dite minoritaire, il peut montrer certains blocages, il peut montrer une certaine préférence pour la langue de l’école car c’est la langue du social, du partage, la langue du relationnel… Les parents peuvent alors s’inquiéter au vu de la forte progression linguistique dans la langue de l’école au détriment de l’autre.
Ce ne sont que des possibilités, cela ne veut aucunement dire que tous les enfants bilingues précoces simultanés passent par ces différentes phases. Au contraire, certains ne montrent aucun changement.
Si chacun reste à sa place et si les bases posées sont bonnes, il n’y a pas de raison d’avoir peur. L’enfant est un être extrêmement intelligent et son cerveau adaptable et flexible saura très vite retrouver un équilibre.
Un autre jour, nous parlerons de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture pour ces enfants bilingues.
A titre de rappel : Quand on parle de bilinguisme, on parle, par extension, de plurilinguisme. Pour un enfant qui est en contact dès sa naissance avec trois langues, on parlera de trilinguisme. On parle ici de langue minoritaire pour se référer à la langue maternelle à laquelle l'enfant est le moins exposé.