Inspiration

Elle, la dame Bio

Elle avait d’abord téléphoné. Elle a pris rendez-vous. Une semaine plus tard elle frappait à la porte, elle, la dame Bio arrivait avec une valisette remplie de produits de beauté, deux gammes, corps et visage. Elle se présente, elle étale tout un tas de choses, disons qu’elle fait la déco comme si elle était en train de réfléchir à la vitrine du plus luxueux magasin des Champs Élysées. Touche de couleur comprise. Elle parle, tout doucement comme pour ne pas polluer l’ambiance, il faut rester toujours dans le bio, la paix, la zénitude.

Elle avait appris par coeur toutes les étapes de son démarchage, elle avait bien révisé ses cours. Cela se passait bien, une espèce de feeling s’installait entre la dame Bio et la jeune fille aux yeux bleus. Les habitudes-beauté devenaient le sujet principal de la conversation, il était question d’étudier la peau, mixte, normale ou grasse, on se lave le matin ou le soir… La jeune fille aux yeux bleus répondait sans enthousiasme mais tout en s’impliquant dans le cadre beauté-bio qui régnait dans la pièce. La dame Bio qui venait d’arriver avec une valisette ne se laissait pas de son discours. Elle regardait par où entrait la lumière afin de mieux faire passer le message, afin de trouver la plus minuscule des imperfections sur le visage de la jeune fille.

Elle contribuait à cette ambiance de détente, son parler était franc, lent, amical. La jeune fille aux yeux bleus se laissait emporter, elle aimait être dorlotée par ces mains froides et inconnues. Lorsque ces mains parcouraient tout son visage son cerveau s’était déjà mis à réfléchir : quel produit allait-elle acheter ? le plus cher ? le moins cher ? Les flacons étant tous pareils la question du prix lui semblait donc le point le plus important. Le soin se termina. Elle, la dame Bio remplit de nouveau sa valisette, enfila son manteau et traversa le seuil de la porte par où elle était arrivée. La jeune fille aux yeux bleus et à la peu fine et douce n’avait qu’à attendre maintenant la visite du facteur avec le produit acheté.

Elle, la dame Bio à la valisette peut frapper chez vous à n’importe quel moment….

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Inspiration

La tête entre les mains, les jambes entrecroisées

Elle attendait patiemment sur la dernière marche de l’escalier. La tête entre les mains, les jambes entrecroisées. Elle avait décidé d’arrêter de réfléchir. Dehors il faisait beau, la fenêtre du palier, vieille et entrouverte, laissait passer une esquisse du soleil tombant de cette soirée de printemps. Un peignoir pour seul vetêment, couleur fuchsia et noir, de ces peignoirs que l’on ne met qu’à des occasions bien particulières.

Plus personne ne montait l’escalier depuis déjà plus d’une heure. Quelques larmes s’écoulèrent sur ses joues, roses et tendres, comme l’annonce de cet été qui devait encore arriver, mais qui commençait à s’annoncer. Une paire de pantoufles au joli pompon reposaient sur le tapis. Elle voulait y aller. Elle en était convaincue, elle devait le faire. Donner ce pas, franchir cette porte qui l’amènerait au-delà de ce qu’elle connaissait, loin très loin comme un voyage initiatique. Elle les enfila, ces pantoufles.

C’est légère et enfin souriante qu’elle partait à la rencontre de ce qu’elle avait imaginé pendant des longues années. Mais un retour était prévu.

Arc-en-ciel- 22

Bilinguisme

Je veux mettre l’accent !

Un jour, dans un car de Madrid à Cadix on m’a demandé si j’étais Portugaise.
Un jour, à Bruxelles, on m’a demandé si j’étais Française car je disais « ouais ».
Une fois, dans un bar à Madrid on m’a encore demandé si j’étais Portugaise.
Une fois, à Paris on a voulu savoir si je venais du Sud.

Dans le car la fille m’a entendu parler en minorquin qui, certes, a une petite ressemblance d’intonation au portugais…
A Bruxelles les gens disent « oui » d’un « i » plus court, tandis qu’en France, notamment à Paris, on dit « oué » …
A Madrid le serveur m’a encore entendu parler en catalan, donc pour lui j’étais Portugaise…
A Paris, quelqu’un a relevé un petit accent… il ne savait pas d’où… j’ai dit « oui, du Sud, je viens bien du Sud, très au Sud »

Et puis aussi, en France on m’a dit que je ne prononçais pas bien le mot « huit », un « h » pas bien aspiré, jusqu’au jour ou une âme charitable m’a dit que non, qu’en fait je prononçais comme les Belges. Maintenant, trop fière, comme j’ai vécu au Plat Pays pendant quelques années, je dis que je prononce « huit » à la Belge !

Et de retour chez moi, plus le temps passe, plus j’entends des gens me dire « oh mais tu as un accent français quand tu parles catalan » !! « Noooon, ce n’est pas possible » je leur rouspète, « je parle presque quotidiennement avec ma famille et ils ne me le disent pas », comme s’ils détenaient la vérité absolue !

Quand je parle espagnol je ne sais pas de quoi j’ai l’air, si j’ai un petit accent ou pas. Il vaut mieux, sûrement, ne jamais le savoir !

Je me suis donc rendue à l’évidence et je lance un appel : Si vous avez besoin de quelqu’un qui se fasse passer par une Portugaise, une Belge ou une Française du Sud, je peux le faire !

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