Interprétation

Le catalan et moi

J’en parlais dans ma dernière newsletter : depuis que j’ai décidé de reprendre le chemin du blog, mais exclusivement en langue française, j’ai eu des détracteurs. Pas beaucoup, mais quelques-uns.

Et c’est marrant, parce que quelle que soit la langue dans laquelle je décide d’écrire, il y a toujours quelqu’un pour faire une petite remarque.
Une fois, sur Facebook, j’ai publié un post en français et en espagnol sur ma page professionnelle et je l’ai ensuite partagé sur mon profil personnel avec sa version française mais aussi catalane. Il y a eu quelqu’un qui est venu me dire que pour une traductrice cela faisait bizarre que ce ne soit pas écrit en espagnol…

Je tiens ce blog depuis 2008 et dès le début le français est la langue principale. C’est né comme un défi, écrire en langue étrangère est toujours un défi. Mais, au fil du temps, le français s’est transformé en une langue première pour moi. Oui, c’est possible. La plupart du temps, je réfléchis en français.

Cela fait 20 ans que je suis en France (et un peu en Belgique), 2 de mes 3 diplômes universitaires portent le nom d’établissements français. Et sauf avec ma fille, ma vie se passe en français.

Mais pourquoi cette fois-ci, il y a eu des gens qui m’ont dit c’est pas bien, c’est pas bien ce que tu fais ? (enfin, ils m’ont dit no ho entenc, per què ? -je vous laisse chercher la traduction).

Parce que le catalan.
Le catalan.
Toujours le catalan.

Ma langue. Cette langue toujours si controversée. Cette langue constamment imprégnée de couleurs politiques, de revendications, de luttes.

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Je l’expliquais récemment dans un post LinkedIn : j’ai dû faire un choix tout simplement parce que je n’ai pas le temps pour tout. Et il s’avère que ce blog qui est né en français a beaucoup plus de lecteurs de langue française (ce sont les statistiques qui parlent). Alors, déjà qu’il n’y a plus grande monde à lire les blogs, autant écrire dans la langue dans laquelle on a plus de lectorat, n’est-ce pas ? Ma raison est aussi simple que ça. Mon choix est dépourvu de tout caractère militant.

Je défends le catalan, bien sûr, c’est ma langue ! C’est la langue qui m’a donné quelques petits prix littéraires quand j’étais à l’école. C’est la langue de mes parents. La langue que j’ai parlée en premier. La langue de mon île. C’est une de mes langues de travail aussi.
Et je sais qu’il y a du travail à faire pour la protéger, il faut se battre pour elle, il faut l’apprendre, il faut la parler. C’est une langue merveilleuse qui compte plus de
10 000 000 de parlants.
En France, il y a encore beaucoup de gens qui s’étonnent de savoir que le catalan est une langue vraiment parlée.

J’ai répondu à l’une de ses personnes qui m’a dit je ne suis pas d’accord que tu arrêtes le blog en catalan, que je la comprenais, bien sûr et que, par ailleurs, mon travail de protection de la langue catalane, je le mène tous les jours avec mon travail d’interprète de langue catalane en France. Nous ne sommes pas nombreux et quand on propose nos services à des entreprises catalanes qui se développent en France, à des institutions qui ont des programmes en commun avec la France, à des marques catalanes présentes sur des salons en France, etc., tout le monde se montre content et reconnaissant. Pareil pour la traduction, c’est toujours un plaisir pour moi d’accompagner des entreprises françaises qui s’installent à Barcelone (et ce qu’il y en a !) en les aidant à répondre aux appels d’offre, à confectionner leurs stratégies marketing ou encore en traduisant tous leurs supports.

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Et je trouvais aujourd’hui important de vous en parler parce que, parfois, dans un pays plutôt monolingue qu’est la France, on a du mal à se rendre compte de l’importance des enjeux plurilinguistiques d’autres pays.

Je suis à faveur du plurilinguisme (autrement, ce serait incompréhensible pour quelqu’un qui vit des langues !) mais je n’ai pas le temps de tout faire, tout écrire dans 3 langues. Vous me pardonnez ?

Interprétation

L’interprétation de liaison en milieu industriel

Il n’est pas rare que l’interprète travaille en milieu industriel. Nous sommes souvent sollicités afin d’intervenir dans des entreprises du secteur industriel. Les situations d’interprétation peuvent être diverses, mais la plupart des fois, il s’agit de :

– formations
– installations machine

Bien évidemment, il s’agit d’un univers assez technique, avec une terminologie propre et, qui plus est, parfois changeante d’un acteur à un autre. Travailler à pied de machine ou dans une salle de formations est très enrichissant.

Pourquoi je dis que la terminologie peut varier d’un lieu à un autre ?

Tout simplement parce que d’un site à un autre, d’une usine à une autre, les employés ont leur propre jargon. Pour nommer un même objet, il peut y avoir différentes façons de le faire, selon où se trouve le site ou selon les habitudes.

Mais il peut y avoir également une autre raison : fréquemment, les manuels techniques, traduits par des agences, ne coïncident pas avec la manière de parler des employés. Et c’est en arrivant que l’interprète s’en rend compte !

Ce type de missions requiert d’une préparation exigeante, cela ne se fait pas en un clin d’œil : prise de connaissance des manuels d’opérateurs qui peut prendre des heures, confection de glossaires, révision de la documentation technique, etc.

Une fois sur place, l’interprète joue vraiment un rôle de transmetteur et de lien entre les différentes personnes présentes (formateurs, opérateurs, techniciens, ingénieurs, mécaniciens, réparateurs…) et c’est passionnant !

Interprétation

Cet interprète qui sait parler de tout

SAVOIR PARLER DE TOUT SANS TOUT SAVOIR

Je faisais l’autre jour du ménage et du tri dans mon bureau.
Et j’ai trouvé des pépites, des choses qui ne servent à plus rien, mais aussi des souvenirs inestimables.

Parmi ces souvenirs inestimables (que je compte garder à vie), un paquet de badges de mon époque professionnelle à la capitale de l’UE, Bruxelles.

Bruxelles est une ville où j’ai beaucoup aimé vivre. Mais, surtout, Bruxelles est l’endroit où j’ai commencé ma carrière professionnelle. Et Bruxelles restera ce lieu de mon plus grand apprentissage professionnel. Déjà, parce qu’il est difficile d’oublier les premières fois, mais aussi parce que la capitale européenne est un joyeux mélange éclectique.

De 2005 à 2008, j’ai parcouru les couloirs de :

  • La Commission
  • Le Parlement
  • Le Conseil
  • Le Comité des régions
  • La REPER

 

 

J’ai fait multitude d’interprétations (en cabine et de liaison) et de traductions.

Mais, essentiellement, j’ai appris le fonctionnement d’une grande machine, les rouages de la politique, le travail avec des hommes et des femmes politiques engagés pour leur région, leur pays. J’ai aussi appris le grand rôle joué par les lobbys. J’observais tout avec de grands yeux et de grandes oreilles.

J’ai appris tout cela, et bien plus encore. J’étais jeune, je sortais de 7 ans d’études supérieures. Quand on m’a « refourgué » d’abord la politique de la PAC et ensuite celle de l’environnement, je me suis dit que ce n’était pas possible (quoi ? moi ? la fille de lettres ? non, non, ce n’est pas possible !). Je me souviens d’avoir frappé à la porte de l’homme politique qui dirigeait le bureau où je bossais pour lui demander s’il ne s’était pas trompé dans la distribution des politiques et il m’a dit que nenni, que mes collègues ne maîtrisent pas suffisamment bien les langues et qu’il fallait tout très bien comprendre parce que la PAC et l’environnement sont le nerf de la guerre de l’UE. Alors, j’ai acquiescé et je suis repartie étudier de très près le protocole de Kyoto, la pêche de thon rouge et les particules fines…

Une fois dans mon bureau, un peu dépitée tout de même, j’ai pensé à ce grand professeur (un ancien de l’ONU) que j’ai eu en Master d’interprétation qui nous disait que : « pour être interprète et traducteur, il faut savoir parler de tout sans tout savoir ! »

Cela fait plus de 15 ans de ça, mais jamais je n’oublierai mes débuts professionnels et l’apprentissage que l’UE a supposé.