Aimer écrire ne veut pas dire savoir écrire. Moins encore quand on écrit souvent dans une langue étrangère. Mais aimer écrire dans une langue étrangère signifie aimer les défis. C’est pour cela que quand je poste ici mes billets en langue française j’ai toujours des doutes, des craintes, un peu de timidité aussi, j’ai peur de ne pas savoir faire. Mais finalement l’envie de surmonter ce défi fait que je continue à avancer, à écrire, à me relire, parfois à trouver ces quelques fautes ou ces quelques tournures un peu bizarres. Peu importe, à la fin je suis plutôt contente de mon travail. Parfois aussi cela m’arrive de recevoir quelques compliments, et c’est à ces moments où je me dis que cela vaut le coup de tenter cette écriture en langue française. Et quand on me corrige, je corrige.
Savez-vous aussi que parler et/ou écrire dans une langue étrangère permet de dire des choses que l’on n’ose pas dire dans notre langue maternelle ? Avez-vous déjà fait ce constat ? Je suis sûre que si vous en parlez autour de vous, si vous réalisez un tout petit sondage auprès de vos connaissances qui parlent couramment une langue étrangère ils vont vous dire la même chose. Il paraît que dans une langue étrangère on prend une distance des choses qui n’est pas la même lorsqu’on parle dans notre langue. C’est surprenant de se découvrir un peu différente à cause ou grâce à la langue, c’est comme si le ‘moi’ effaçait certains traits de caractère quand il se sent exprimé par une autre langue, on a moins peur, on ose, on se fâche plus souvent et on pleure plus souvent. Quelque part je peux dire que les sentiments ne se vivent pas pareil en langue maternelle qu’en langue étrangère. C’est une toute petite nuance, mais nuance quand même.
J’ai déjà expliqué à maintes reprises les raisons pour lesquelles j’écris ici en français (ma langue étrangère) et aussi dans mes deux langues maternelles. Je devrais me sentir plus à l’aise dans mes langues maternelles, le fait étant que je me retrouve à écrire plus souvent en français. Pourquoi ? je suppose que parce que je vis en français et je vis dans ce pays depuis déjà bien longtemps. Je réfléchis en français autant que je réfléchis en catalan, par conséquent j’écris en français. Il y a des gens à qui cela peut paraître bizarre, je comprends tout à fait. Moi aussi je me demande pourquoi, quand je me mets derrière l’écran, le français vient presque plus vite que le catalan ou le castillan. Parfois il y a des questions sans réponse. Par contre, je suis tout à fait consciente que si un jour j’arrive à écrire un livre (oui, pourquoi pas, eeihnn?) je vais le faire dans une de mes langues maternelles, c’est clair.
Quand il s’agit du travail on ne rigole pas. Tout traducteur connaît les règles du jeu : 98% des fois pour ne pas dire 100% on travaille vers notre langue maternelle, car vivre cinquante ans dans le pays de la langue étrangère, parler toute la journée la langue étrangère et lire des romans dans cette langue étrangère ne signifie pas être parfaitement parfait dans cette langue.
Pour l’instant aujourd’hui je vous laisse avec ce constat : parler une langue étrangère c’est vivre des sentiments différents !